Retour à la réalité.

Après un séjour fort agréable dans le Beaujolais, un retour à la réalité s’est rapidement imposé. Ce soir-là, alors que je me tenais debout, une sensation de craquement dans mon bas ventre a attiré mon attention. Je ne me suis pas affolé sur le moment, mais le lendemain, des signes étranges ont commencé à apparaître, indiquant quelque chose d'anormal.

Les jours, puis les semaines passèrent, et cette préoccupation grandissante s’est implantée en moi. Un phénomène inexplicable, que j’étais incapable de définir, troublait mon quotidien. Un matin, en me regardant dans le miroir, j’ai remarqué que la forme de mon sacrum semblait anormale. Inquiet, j'ai pris rendez-vous pour un scanner.

Le diagnostic tomba rapidement : fracture du sacrum et fracture du bassin. Mon médecin m’a parlé des risques d’une intervention chirurgicale, surtout après avoir appris que cette zone était insensible. Le risque d’escarres dues à l’immobilisation, et un manque d’irrigation nerveuse compliquaient l’opération.


« La fragilité de la vie est comme une rose, belle mais éphémère ; chaque pétale tombé nous rappelle que nous devons chérir chaque instant. »
— Maya Angelou

Malgré ces inquiétudes, le chirurgien était prêt à procéder à l’intervention le 22/09/2022 (27 ans, jour pour jour, après mon premier accident). C’est alors que les moments douloureux ont commencé. J'ai dû rester trois mois allongé, cloué sur un lit, sans possibilité de me soulever ou de bouger. Cette immobilité fut terrible.

Chaque jour, je ressentais une vague de souvenirs émotionnels ressurgir. Les échos de mon premier accident me revenaient en mémoire, un moment où j'avais également été contraint à l'immobilité. Mais cette fois-ci, la douleur était multipliée par l'angoisse et les incertitudes quant à l'avenir.

Ces trois mois d’inactivité m'ont paru interminables, un véritable enfer. Mais la souffrance ne s’est pas arrêtée là. Je remettais tout en question, tout ce que j'avais appris sur la conscience du vivant. Chaque concept, chaque idée que je croyais solidement ancré, semblait maintenant fragile. Les découvertes qui m'avaient autrefois émerveillé, les perspectives que j'avais explorées sur la vie et la conscience, s'effondraient comme un château de cartes.

Durant l’exploration des mes certitudes, il m'était difficile d'accepter que tout ce que j'avais appris pouvait être erroné. Je me questionnais sur la base même de mes croyances : était-il réellement possible que ma compréhension de la conscience, soit si éloignée de la vérité ? C'est dans cet état d’esprit que j'ai commencé à approfondir mes recherches, cherchant des réponses à mes doutes, mais aussi à envisager de nouvelles pistes.

Accepter que mes certitudes étaient brusquement remises en question m’a également ouvert à de nouvelles possibilités, à une nouvelle compréhension. Chaque découverte était l'occasion d'élargir mon horizon, de cocher des cases que je n'avais jamais envisagées. En changeant de perspective, il me devenait possible de voir une beauté cachée dans cette complexité, un réseau interconnecté de vies où chaque être a sa place et son importance.

Je croyais être une marionnette, dont je n'avais aucun contrôle. Cette croyance était l'antipode de ce que je pensais de moi, de ma vie, et de ma nouvelle conscience. Cette perception de moi-même, remettait en question mes croyances, j'ai commencé à voir davantage de nuances dans mes expériences. Je ne suis pas simplement une marionnette ; je suis aussi un acteur. Chaque réflexion, chaque émotion, chaque action que je prends ripple dans l'univers. Ce changement de perspective m’a permis de me réapproprier mon pouvoir sur ma vie. J'ai pris conscience que la clé de mon destin repose entre mes mains.

À travers cette prise de conscience, j’ai compris que la liberté ne réside pas seulement dans l’action, mais aussi dans la manière dont je perçois le monde. En embrassant à la fois ma vulnérabilité et ma force, j’ai commencé à m’ouvrir à de nouvelles possibilités. Mon parcours vers une conscience élargie m’a offert une chance de m’affirmer non pas en opposition aux autres, mais en harmonie avec tout ce qui est vivant.

Après cette période d’immobilité forcé, il m’a fallu encore deux ans supplémentaires pour retrouver un semblant de paix. Ces moments ont été marqués encore par des réflexions profondes sur la fragilité de la vie et la résilience nécessaire pour surmonter des épreuves imprévues.


« L’espoir est la chose la plus précieuse que nous possédons, il éclaire notre obscurité et nous pousse à avancer, même lorsque le chemin semble impossible. »
— Hannah Arendt

La douleur physique d’une zone normalement insensible est quelque chose de difficile à expliquer. Pourtant, c’était bien ce que je ressentais. Les trois vis que j’avais dans le bassin causaient une souffrance inexplicable. Chaque mouvement était un rappel cruel de ma condition, et j’ai rapidement réalisé qu'il me fallait trouver un chirurgien prêt à m'aider à les retirer. Cela s’est révélé plus compliqué que prévu, car le premier chirurgien, celui qui m’avait opéré, refusait de considérer ma douleur comme réelle.

Malgré son scepticisme, ma douleur était bien présente et atroce. De désespoir en espoir, j'ai poursuivi ma quête. C’est finalement un autre chirurgien qui a pris en compte mes douleurs et a compris que l'une des vis touchait le nerf sciatique et les disques voisins. Cela justifiait des interventions urgentes.

Ainsi, une première opération a eu lieu pour retirer la première vis, suivie d’une seconde pour enlever les autres. Chaque intervention était douloureuse, mais c’était un pas nécessaire vers un soulagement. Ce n’est qu’après ces opérations que j'ai pu commencer à me projeter vers une nouvelle étape de réhabilitation, entamant enfin mon travail de rééducation physique et psychologique.

La route vers le rétablissement serait longue, mais l’espoir de retrouver une vie sans douleur nourrissait ma détermination. Ces épreuves m'ont appris à écouter mon corps et à me battre pour ma santé. La douleur, bien que parfois insupportable, devenait une motivation pour avancer, pour reconstruire non seulement mon corps, mais aussi mon esprit.


« La détermination est la clé qui ouvre toutes les portes de l’impossible. C’est l’étincelle qui transforme les rêves en réalité. »
— Victor Hugo

Je croyais qu’après mon premier accident en 1995, qui m’avait rendu paraplégique, j'avais vécu le pire. Cette épreuve, marquée par la douleur physique et émotionnelle, avait laissé des séquelles profondes dans mon existence. J’étais convaincu que j’avais touché le fond, que rien de pire ne pourrait me frapper.

Cependant, la vie m’a réservé une surprise douloureuse : un nouvel enchaînement d’événements qui, sans me rendre totalement paraplégique à nouveau, ressemblait à une autre épreuve redoutable. Ce n’était pas qu’un simple retour en arrière ; c’était une lutte contre des douleurs physiques insupportables et une incapacité à bouger normalement.

Chaque jour, des souvenirs des douleurs passées ressurgissaient, m’affrontant à la fragilité de mon corps. Bien que j'avais réussi à surmonter un précédent accident, cette situation était une nouvelle forme de tourment, une réalité que je n’avais pas anticipée. La résilience que j'avais développée au fil des ans était mise à l'épreuve.

Cette nouvelle bataille était différente, mais elle avait également sa propre intensité, ses propres défis. Il fallait apprendre à composer avec cette réalité qui, finalement, ne faisait que renforcer ma détermination à me relever et à affronter ce qui se présentait à moi. Je comprenais alors qu’il serait essentiel de ne jamais perdre espoir, car même dans le pire, il y avait toujours une chance de rédemption.


« La rédemption ne se trouve pas dans l’absence de souffrance, mais dans la capacité à en émerger transformé, porté par la lumière d’un nouveau départ. »
— Hermann Hesse

 

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Patrice Sulpice

Patrice Sulpice avait tout d'un champion : du talent et

l'envie de tout bouffer. Il avait 21 ans et déroulait sa vie

pied au plancher. Sprinteur de pointe d'une génération

en or, rival des Rousseau, Magné et autres qui ont fait

de la piste française la référence mondiale, il est

premier tricolore vainqueur d'une épreuve de Coupe du

Monde. Numéro un mondial en arrivant à Bogota pour

les Championnats du Monde en 1995, Patrice devient

paraplégique à la suite d'une chute la veille de

l'épreuve. Sa vie est brisée mais il trouve la force et le

courage de surmonter l'épreuve en essayant de puiser

la quintessence de sa vie.

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